Selon l’INSEE, il y a eu 15,9% d’inflation, côté produits alimentaires, en un an. Les prix varient pourtant d’une enseigne à l’autre.
Comparaison de prix entre les enseignes d’une zone assez restreinte
Pour notre comparaison, on a choisi quatre produits de grande marque chez quatre enseignes dans un rayon d’1,5 kilomètre. L’étude a été menée à Clamart, commune des Hauts-de-Seine au sud de Paris. Les produits comparés : du jambon, du dentifrice, du camembert et des pâtes de chez Carrefour, Super U, Lidl et Casino.
Si le camembert se vend 2,59€ chez Carrefour, ce dernier ne coûte que 1,89€ chez Lidl. On a donc constaté 37% de différence, du moins cher au plus cher, entre les quatre enseignes. En ce qui concerne le jambon, on remarque une variation de 2,23€ à 3,55 €. Autrement dit, il y a un écart de 59%.
Écarts et hausse des prix des denrées alimentaires : explication !
Des prix librement fixés par les enseignes
L’une des explications possibles est que chaque supermarché fixe librement des prix variables d’un jour à l’autre.
La responsable de chez Casino nous explique qu’elle ne peut rien y faire. Car selon elle, c’est la direction du groupe qui définit les prix : “Tout est automatique. La centrale lance les prix sur un logiciel et tout redescend en caisse la nuit, sur l’étiquetage. »
Diminution de la rentabilité de la grande distribution depuis 2019
Il est possible que certaines enseignes augmentent leur marge au détriment du consommateur, en cette période d’inflation.
Récemment, selon un rapport de l’Inspection générale des finances, la rentabilité de la grande distribution a diminué de 1% seulement. Tandis que celle de l’industrie agroalimentaire a « significativement baissé de 16 % ». Des faits constatés depuis 2019.
La négociation entre producteurs et supermarchés
La vice-Présidente et experte en négociation chez ADN Groupe, Silvia Bravard-Meunier explique : « Ces négociations sont réputées pour être très dures, réputées même pour être les plus dures mondialement d’un point de vue commercial. Il y a parfois certaines dérives, de l’agressivité, des menaces et des ultimatums. » Elle accompagne les fournisseurs dans leur “bras de fer” avec les enseignes. Les prix en caisse dépendraient donc aussi de ces négociations.
Variation des prix selon la popularité du produit
Super U, par exemple, avoue vendre certains articles plus chers que ses concurrents dans une même zone d’activité : “Chaque magasin reste libre de faire ce qu’il désire avec ses tarifs en magasin. Et va chercher la marge où il le peut. Sur les 15 000 références d’un magasin, le taux de marge n’est évidemment pas le même. Il y a les produits que l’on va vendre avec une marge faible et d’autres produits sur lesquels la marge sera plus importante”.
Variation des prix selon les coûts de fonctionnement des magasins
Du côté de Carrefour, la direction avance : “Les prix ne sont pas les mêmes dans tous les magasins, en fonction de la superficie de l’établissement. Les conditions salariales jouent aussi puisque les salariés sont payés sur 14 mois. Les coûts de fonctionnement élevés jouent sur les prix, évidemment.”
Lidl, par exemple, vend son jambon jusqu’à 59% moins cher que la concurrence : “On ne commande qu’une seule référence nationale – que les Français plébiscitent – pour nos 1600 magasins. Ça fait du volume et donc des prix bas”
